L’Association Nationale des supporters organise un prix symbolique pour la saison 2016. Deux prix seront attribués, la Palme dehors (prix anti-supporters) et la Palme des tribunes (prix des supporters). C’est avec le premier que nous commençons cette semaine, Prix distinguant les personnes ou mesures voulant mettre les supporters hors des stades.
Les nominés sont : Commissaire Boutonnet (DNLH) / Les restrictions de déplacement / F. Thiriez et JP Hugues (LFP) / W. Kita (Président du FC Nantes) / B. Serin (Président du FC Metz) / Mme la sous-préfète de Lens. (Vote en fin de page)
Commissaire Antoine BOUTONNET (Division nationale de lutte contre le hooliganisme) :
Commissaire responsable de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) depuis sa création en 2009, Antoine Boutonnet incarne la politique du tout répressif conduite par les pouvoirs publics depuis plusieurs années. Partisan d’interdictions en tout genre et adversaire du dialogue avec les supporters, Monsieur Boutonnet personnifie une politique inefficace et à bout de souffle. Personne ne regrettera ses efforts pour marginaliser ou décrédibiliser les associations de supporters favorables au dialogue et à la responsabilisation des supporters. Ne pas remporter la « Palme dehors » serait son premier « constat d’échec ».
Les restrictions de déplacement :
Créé en 2011, le régime des restrictions de déplacement a connu une croissance exponentielle en quelques années : si 3 matchs ont été concernés par une mesure de ce type lors de la saison 2011-2012, 16 l’ont été en 2012-2013, 37 en 2013-2014, 39 en 2014-2015 et 218 en 2015-2016 (dont une partie dans le cadre de l’état d’urgence). Depuis le début de la saison 2016-2017, 31 l’ont été. Alors que les pouvoirs publics se sont déclarés capables de recevoir 8 millions de supporters pendant l’Euro 2016, ils persistent à considérer que le déplacement de quelques dizaines de supporters en championnat excède leur capacité opérationnelle. Cette constance dans la démesure mérite la «Palme dehors ».
Frédéric THIRIEZ et Jean-Pierre HUGUES :
Durant son long mandat à la tête de la LFP, le duo Thiriez-Hugues a donné au football français quelques unes de ses caractéristiques actuelles : « relance » de la coupe de la Ligue à des fins purement commerciales, soumission de la programmation des matchs aux contraintes des seuls diffuseurs et au détriment du remplissage des stades, ignorance et mépris des supporters, promotion du naming, etc. Sous ce triste règne, le football populaire a beaucoup perdu. Ce trophée pourrait être la première victoire du duo Thiriez-Hugues en plus de dix ans de règne.
Waldemar KITA :
Président du FC Nantes depuis 2007, Waldemar Kita dispose d’un bilan sportif élogieux : aucun trophée, une relégation, deux montées, douze entraîneurs. Fort de ce bilan remarquable et allergique à toute critique, M. Kita a entrepris, en 2016, de lutter contre la seule chose qui fonctionnait à la Beaujoire : la tribune Loire en général et la Brigade Loire en particulier. Prétextant la sécurité, il s’évertue à interdire le matériel d’animation des tribunes et à solliciter des pouvoirs publics la restriction de déplacement de ses propres supporters.
Offrir à M. Kita la première « Palme dehors » lui permettrait de remporter un premier trophée à la tête du FC Nantes.
Bernard SERIN :
Discret Président du FC Metz depuis 2009, Bernard Serin a accédé fin 2016 à une soudaine notoriété à la suite des jets de 3 pétards intervenus lors du match Metz – Lyon du 3 décembre 2016. Au lieu de s’en prendre aux 3 auteurs des faits, M. Serin a incriminé un groupe de supporters (la Horda Frenetik), a rompu tout lien avec lui et a décidé la fermeture jusqu’à nouvel ordre de la tribune basse Est où ce groupe de supporters s’exprimait. 3 coupables, 2 500 punis. Pourtant, lors de ce match, les responsables de la Horda avaient appelé à cesser les jets de pétard dont les premiers éléments d’enquête montrent qu’ils sont le fait d’individus étrangers à leur groupe. Par cette réaction, M. Serin a délibérément piétiné la Charte des Supporters du FC Metz (dont l’initiative était pourtant à saluer) puis a fait part de son intérêt pour s’engager dans le fichage de ses supporters tel qu’autorisé par la loi du 10 mai 2016. Le goût de M. Serin pour la punition collective mérite d’être récompensé.
Mme la sous-préfète de Lens :
Sous-préfète de l’arrondissement de Lens depuis l’été 2015, Madame la sous-préfète Degiovanni attache un soin particulier à lutter perpétuellement contre les supporters lensois : interdictions de tifos, interdictions administratives de stade (qui a valu à la Préfecture d’être condamnée par le tribunal administratif de Lille), interviews martiales dans la presse locale, présentation au dernier moment d’un devis de 9 600 euros pour la mise à disposition de forces de police pour encadrer les festivités organisées par les Red Tigers pour le 110e anniversaire du club, etc.
En 2016, Mme la sous-préfète n’a malheureusement pas trouvé le temps de se rendre au musée du Louvre Lens pour visiter l’exposition consacrée par ce musée aux supporters lensois et abandonner ses clichés. Cette exposition étant terminée, il n’est plus possible de l’y inviter. A défaut, un trophée peut lui être attribué.