Les 3 et 4 mars derniers, l’Association Nationale des Supporters a participé au congrès « Respect Fans » à propos de la gestion des supporters. Cet évènement était organisé par l’association de supporters européenne reconnue par l’UEFA – Football Supporters Europe (FSE) – sous l’égide de la FFF. Au même titre que le Ministère des Sports, notre association, l’ANS, était partenaire et participante.
D’autres nombreux acteurs du football français y étaient réunis : le secrétariat d’Etat aux Sports, le ministère de l’intérieur (DNLH), la délégation interministérielle de gestion des grands évènements sportifs (DIGES), délégations des villes accueillant les matchs de l’Euro 2016, associations de supporters, universitaires… Des acteurs du football européen y ont activement participé : fédérations de nombreux pays participants à l’Euro 2016, Fan’s Embassies de nombreux pays, association européenne de supporters, le « Chairman » de la convention européenne sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives et notamment de matchs de football, universitaires…
Tous se sont accordés sur la très grande nécessité des politiques de prévention et des espaces de dialogue / concertation entre les différents acteurs ; dont font partie les supporters.
La situation française, si particulière, a largement été évoquée. Elle a clairement été jugée à contre sens de toutes les préconisations européennes mais à contre-courant de tous les travaux parlementaires et universitaires français ! Ce constat, repris dans l’ensemble des travaux préparatoires à l’Euro 2016, a fait consensus.
En effet, paradoxalement, la voie choisie par le Ministère de l’Intérieur pour la gestion spécifique de l’Euro suit clairement ces diverses préconisations. A l’opposé de sa politique de gestion purement répressive pour les compétitions internes Or, les risques d’être confronté à des problèmes de hooliganisme à l’Euro sont bien plus prégnants qu’à l’année, en France.
Pour l’Euro, le Ministère de l’Intérieur s’appuie sur les différents acteurs pour accueillir au mieux les différentes cultures de supportérisme plutôt que d’avoir recours aux interdictions de déplacements ; il recommande la discrétion pour les forces de l’ordre et veut s’appuyer sur des « médiateurs » identifiés pour faciliter la discussion. Il souhaite enfin masquer et éviter le recours aux matraques et flashballs. En bref, l’autoritarisme, de tradition contre les supporters français, ne sera pas de mise à l’Euro.
En particulier, les forces de l’ordre participeront à l’organisation des « Fans Walk » alors que ces « cortèges » sont criminalisés dans les compétitions françaises : supporters poursuivis en justice, interdictions préfectorales des cortèges. Tous les acteurs prennent le parti de faire de cet Euro une fête pour tous les supporters. Il faut continuer d’aller au stade malgré les différentes menaces qui pèsent sur notre pays. Tout est fait pour sécuriser au maximum cet Euro 2016.
Le contraste est saisissant avec les compétitions internes. Deux semaines après ces deux jours de conférence, la DNLH continue d’interdire les déplacements de supporters de la L1 à la CFA. On vide les stades français et on rend le football « insupportable » pour reprendre les mots du journaliste Vincent Duluc.
Comme nous avons pu le dire lors du Congrès, nous avons pris nos responsabilités et nous sommes prêts à participer à la construction d’une vraie politique de gestion des supporters. Nous attendons des pouvoirs publics et des instances qu’ils prennent les leurs et ne s’obstinent pas dans une surenchère de mesures contre les supporters.